Khadijah Youssouf DIALLO

Directrice Générale de la Haute Autorité du Waqf

Le développement du Waqf au Niger in-tervient au même moment où l’on as-siste à l’essor, de ce que l’on appelle « l’économie sociale et solidaire » à l’échelle internationale et qui regroupe les activités économiques dont l’objectif principal, bien avant le profit, est de répondre aux besoins d’une catégorie, souvent défavorisée et mar-ginalisée de la population, avec la particularité que le Waqf contient une dimension spirituelle et « charaïque » importante en plus des principes de solidarité et d’utilité sociale.

En matière d'investissement, les politiques de la Haute Autorité du Waqf reconnaîtront les compromis potentiels par rapport à l’approche conventionnelle de maximisation des biens et d'abondance. En plus des critères éthiques, le Waqf étudie également les fac-teurs liés à la performance du fonds, car l'investisse-ment Waqf devrait permettre de réaliser un bénéfice net sur ses investissements. Le modèle économique des projets Waqf se caractériseront donc principale-ment par une part considérable d’activités sociales soutenues par des investissements hautement lu-cratifs permettant la réinjection des excédents dans le capital d’entreprises et de projets sociaux et soli-daires.

Concernant l’aspect de la solidarité sociale, l’approche stratégique du Waqf mettra l'accent sur l’opérationna-lisation de l'interdépendance entre les individus dans la société, aboutissant à une qualité de vie à la fois ma-térielle et spirituelle basée sur le respect, le soutien, l'égalité et la solidarité. Ce qui constitue la base de la solidarité et la manière de sa mise en œuvre dépendra des réalités nigériennes. Depuis toujours, le Waqf était principa-lement basé sur deux vecteurs qui sont toujours utiles : la parenté et les valeurs partagées, sources des Waqfs familiaux, et le sentiment de solidarité ou de cohésion sociale, source des Waqfs publics.

Notre défi principal est de montrer que les efforts phi-lanthropiques et les ressources solidaires, à travers l’instrument du Waqf, peuvent être un levier impor-tant des efforts de développement d’un pays et que la solidarité peut aider à développer une activité écono-mique à la fois rentable et socialement utile.

Nous voulons faire du Waqf, un troisième secteur éco-nomique qui s'ajuste aux côtés des deux secteurs éco-nomiques traditionnelles que sont le public et le privé, avant tout au service d’un projet social et les richesses produites sont réinvesties dans ce projet. C’est un sec-teur « hybride », qui joue un rôle complémentaire au service public, tout en générant des revenus